Description
Extrait : « La pratique de Théophylle Dcx s’apparente à celle d’un journal intime. Biographique, juvénile et résolument mémorielle, elle partage de manière hyperbolique colères, lassitudes, angoisses, joies, désirs et espoirs face à un monde en perpétuel effondrement. Les catastrophes sociales, politiques et médicales jalonnent l’écriture. Certaines sont déjà passées, d’autres pourraient advenir ou se répéter. Face à elles, se dégage un besoin viscéral de célébrer la vie. Dans cette mise à nu, ses ami·e·s sont ses meilleurs remparts. Leurs histoires se lient à celles de celleux qui les ont précédé·e·s afin de faire front contre une société excluante. Que ce soit par la vidéo, la performance ou le texte, le récit s’écrit en musique. Cette dernière s’érige en outil d’expression vif et puissant. Au fil des oeuvres, les paroles contaminent le journal. Oscillant entre punchlines saillantes et témoignages d’expérience de luttes, elles sont les dépositaires d’émotions brutes où se révèlent la permanence de stigmas et de systèmes d’oppression pour les communautés dites marginalisées. » Daisy Lambert
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Théophylle Dcx (né en 1996, Saint Etienne) vit et travaille à Marseille.
Depuis ses études à la Villa Arson, Nice, achevées en 2022 avec les félicitations du jury, Théophylle Dcx a développé une pratique comprenant texte, performance et vidéo. Son travail s’intéresse au corps, à la fois formellement et théoriquement, comme un site traversé par des pressions sociétales et politiques. Sa propre identité en tant que personne queer et séropositive occupe une place centrale dans sa pratique en ce qu’elle explore ces forces systémiques.
Influencés par le travail de l’auteur et réalisateur français Guillaume Dustan, ses textes et vidéos assument un humour nonchalant, utilisé comme outil de subversion et d’émancipation contre une plus vaste réalité en jeu. La qualité introspective et intime de ces travaux contraste avec d’autres éléments plus larges dans sa pratique. L’expérience collective de la danse dans la communauté queer, que l’on retrouve dans beaucoup de ses performances et films, est comprise comme un moyen de faire émerger un sentiment de solidarité et de résistance contre les pressions normatives gouvernant la société actuelle.
Son travail a été présenté dans des institutions françaises et internationales telles que Les Sillons, Centre d’Art Contemporain La Ferme du Buisson, Noisiel (2023), 100%, La Villette, Paris, (2023), In memory of my feelings, Parallèle La Relève 5 x Château de Servières, Marseille (2023), VIH/sida L’épidémie n’est pas finie!, Mucem x Manifesto XXI x Artagon, Marseille (2022), Argent facile, Forde, Genève (2022), The Films of Guillaume Dustan (2000-2004), Fri Art Kunsthalle, Fribourg, Suisse (2021).
Il a été sélectionné pour plusieurs programmes de résidence dont celle du Palais de Tokyo et du Centre Maurice Chalumeau en Science des Sexualités, Genève (2023) et Artagon Marseille (2021-2022).
Écrit par Juliette Desorgues, commissaire du Showroom Art, Art-o-rama 2023